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L’anosognosie se définit par la non-conscience d’un trouble physique ou mental d’une personne atteinte d’une pathologie. La personne touchée n’a alors pas conscience de souffrir d’un trouble et rencontre des difficultés pour le comprendre et l’assimiler. Une différence principale à noter entre le déni d’une maladie et l’anosognosie est que la réaction n’est pas due à un réflexe de protection psychologique, mais à une véritable atteinte, une lésion cérébrale. En réponse à ce type de pathologie, une équipe de santé pluridisciplinaire peut assurer l’accompagnement d’un individu, avec en première ligne un ergothérapeute. Le praticien aura alors la tâche de mettre en œuvre des techniques médicales pour soutenir ou même faire progresser l’individu concerné par l’anosognosie.
Le terme « anosognosie » a été créé par le docteur Babinski en 1914, et son étymologie résume bien sa portée. « A » qui prend le sens de « sans » en grec, est suivi de « noso », c’est-à-dire « la maladie », puis de « gnosie », qui désigne la connaissance. Avant tout, il est important de se pencher sur les différents types d’afflictions qui peuvent entraîner l’anosognosie, puisque nombre d’entre elles sont plutôt répandues. Étant une conséquence directe de lésions cérébrales qui ont pris place dans l’hémisphère droit du cerveau, l’anosognosie peut survenir après des pathologies très variées. Les victimes d’un accident vasculaire cérébral comme l’AVC représentent une grande part des potentiels malades : en effet, après que leur cerveau ait été touché par l’attaque, une des réactions occasionnées peut être l’altération de la conscience face à la perte d’une capacité physique ou mentale. Certaines capacités physiques sont souvent impactées, avec des phénomènes connus de perte de mobilité. On peut penser notamment à l’hémiparésie, paralysie partielle d’un côté du corps à un degré plus ou moins élevé, et qui entraîne alors le fait d’effectuer des actions avec moins de puissance ou de précision qu’auparavant. Dans ces cas d’hémiparésie, plus de 15% des patients souffrent d’anosognosie, ce qui rend plus complexe le processus de rééducation. Après d’autres lésions traumatiques, comme des traumatismes crâniens, ou encore différents types de maladies infectieuses, l’anosognosie peut aussi se manifester.
Mais si la pathologie peut toucher brutalement des personnes qui possédaient l’ensemble de leurs capacités avant l’arrivée de l’accident déclencheur, l’anosognosie est aussi un des symptômes d’affections de longue durée, comme la maladie d’Alzheimer ou encore la démence à corps de Lewy. Dans les deux cas, les individus concernés, après une lésion cérébrale, n’auront pas conscience de leur état, de leur pathologie et de leurs possibles antécédents. L’anosognosie se décline en trois types : l’anosognosie franche, où la conscience de l’individu est complétement touchée, l’anosognosie partielle, qui représente des phénomènes de conscience réduite, mais existante, et l’anosodiaphorie, qui se manifeste par une conscience complète mais une véritable indifférence pour la pathologie qui touche l’individu. Les formes modérées de l’anosognosie sont les plus fréquentes chez les personnes souffrant de troubles dits de la mémoire, comme la maladie d’Alzheimer ou de Lewy.
Un des premiers problèmes causés par l’anosognosie est le fait même de confronter le patient à sa condition. En effet, pour les individus ayant vécu un accident traumatique, et qui pour certains d’entre eux sortent d’une période de soins très intense, les confronter à leur propre réalité peut être complexe. Le travail de l’ergothérapeute va passer en premier lieu par cette confrontation, et celle-ci peut s’avérer être difficile mentalement pour le patient. Lorsque mis face à des actions qui lui sont particulièrement difficiles à réaliser, l’individu peut se sentir triste, dévalorisé mais aussi en colère contre la situation. L’incompréhension causée par le fait de ne plus pouvoir effectuer quelque chose qui était auparavant possible se traduit ainsi par l’expression de diverses émotions très fortes de la personne concernée. Pour effectuer et faciliter le processus de transition en douceur, la présence d’un ergothérapeute pourra permettre une meilleure prise en charge du choc occasionné. La rééducation prescrite par l’ergothérapeute est bien spécifique lorsque l’individu concerné souffre d’anosognosie : celui-ci pense qu’il n’a pas besoin d’aide, ne comprend pas pourquoi une réadaptation est nécessaire. Dans sa perception, un travail d’évolution n’a pas lieu d’être puisqu’il pense fonctionner normalement dans son environnement et cadre de vie. La situation occasionnée va devoir être gérée par le professionnel de santé, car l’ergothérapeute mène une action sur plusieurs terrains, devant permettre à l’individu de reprendre ses activités quotidiennes et sa bonne organisation dans ses différents environnements.
Bien comprendre et connaître son patient est particulièrement important, car cela permet d’abord de comprendre les activités signifiantes pour le patient, mais aussi de voir à quel degré l’anosognosie touche l’individu. En effet, plusieurs situations peuvent se poser après le choc initial créé dans le cadre de cette pathologie : au bout d’un certain temps, l’anosognosie peut devenir plus faible, régresser, signifiant une prise de conscience, totale ou partielle, de l’individu concerné. Au fur et à mesure des séances avec les différents professionnels de santé, il peut prendre conscience de ses propres difficultés et ainsi faciliter grandement le processus de rééducation et de réintégration mis en place par l’ergothérapeute. Cette possible prise de conscience, associée au fait d’être confronté à une réalité qui n’apparaît plus comme telle pour le patient, doit être anticipée par l’ergothérapeute, qui doit prévoir dans quelle mesure et de quelle façon mettre au courant l’individu. Un suivi peut être mis en place dans le cas où la personne concernée réagit fortement à la situation, pour la soutenir moralement dans cette épreuve, car on note certains cas de dépression.
La prise en charge d’un patient qui veut rentrer vivre à son domicile avec des symptômes d’anosognosie peut s’organiser de différentes manières. Dans certains cas, il convient de le mettre au courant de sa propre condition et de l’accompagner dans l’aménagement de son logement afin de faciliter son quotidien. Dans d’autres cas, on choisira plutôt de se focaliser sur les fonctions restantes de l’individu et sur la mise en place de comportements de remplacement, sans forcément tenir compte de l’anosognosie dans les exercices et systèmes mis en place par l’ergothérapie.